Les troubles psychosociaux se multiplient, dont principalement le burn-out qui augmente en flèche

Sur la base d’une étude précédente menée par l'INAMI, il avait déjà été établi que le nombre de malades de longue durée (c’est-à-dire les personnes qui sont en incapacité de travail pendant plus d'un an) a augmenté de 20,5 % entre 2016 et 2020. Les burn-out et dépressions ont même augmenté de 39,2 %. Les indemnités octroyées pour ces seuls deux diagnostics atteignaient 1,5 milliard d'euros en 2019.
Les Mutualités Libres ont analysé les données pour 2020, 2021 et le premier trimestre 2022. Dans une analyse précédente, nous avions indiqué que les chiffres pour 2020 montraient une baisse. En revanche, pour l’année 2021, les résultats sont bien différents :
Pour les troubles musculo-squelettiques, on observe de grandes différences, avec une diminution continue des lésions internes du genou (-28 % entre 2018 et 2021), une augmentation limitée des problèmes de lombalgie (+4 % entre 2018 et 2021) et une forte augmentation de l'épicondylite latérale (tennis elbow, +42 %).
Le nombre d'entrées en incapacité de travail en raison d’un cancer du sein a augmenté de 14 % entre 2018 et 2021. Près de 11.000 femmes reçoivent ce diagnostic chaque année dans notre pays. La Belgique est malheureusement en tête du classement mondial quant au nombre de cas par habitant.
Néanmoins, nous devons interpréter les fluctuations annuelles de manière adéquate. Entre 2019 et 2020, une baisse de 10 % avait été enregistrée. L'année suivante, le nombre de cas a de nouveau augmenté de 23 % par rapport à 2020. Nous constatons une évolution similaire pour le cancer du poumon ou le cancer du rein. Ces constats sont conformes aux diagnostics de cancer non établis en 2020 en raison du report des soins, principalement pendant la première vague du coronavirus, et qui a entraîné à son tour un rattrapage nécessaire en 2021.
Si l'augmentation des troubles mentaux se poursuit dans les années à venir, et si le pourcentage de personnes malades pendant plus d'un an en raison d'un trouble mental reste stable, les chiffres de l’INAMI ne sont qu'un signe avant-coureur de ce qu’il va advenir.
De plus, pour un certain nombre de pathologies, on peut encore s'attendre à une augmentation du nombre d'entrées en incapacité de travail, étant donné le processus de rattrapage qui a été entamé pour résorber le retard dans les soins suite à la pandémie.
Si nous voulons inverser la tendance, un changement de paradigme est nécessaire. Xavier Brenez, directeur général : "Le système actuel est sous pression et les prévisions sont inquiétantes. La politique gouvernementale actuelle est fragmentée et ne présente pas de caractère global suffisant. Nous devons oser investir à court terme, et viser des rendements à moyen et long termes. Il est crucial d'investir dans la prévention sur le lieu de travail et en dehors, et en particulier dans la santé mentale. La réintégration des malades (de longue durée) doit également être plus efficace."
Les Mutualités Libres plaident également en faveur de l’accompagnement d’experts et de réseaux sur le lieu de travail, afin de mettre en œuvre certaines bonnes pratiques généralement reconnues en matière de prévention et accompagnement au travail, en appui aux conseillers en prévention-médecins du travail. Il doit surtout être possible de responsabiliser les employeurs de manière constructive.
Les mutualités font face à une pénurie structurelle de médecins-conseils. Pourtant, avec les équipes pluridisciplinaires des mutualités, les médecins traitants et les conseillers en prévention-médecins du travail, ils sont des acteurs clés pour assurer le suivi optimal du demi-million de malades de longue durée en Belgique. À ce chiffre s'ajoutent environ 500.000 nouvelles entrées en incapacité de travail chaque année.
Enfin, il est très important de faciliter la concertation entre les parties concernées. Une plateforme de communication doit être mise en place rapidement pour faciliter, dans le cadre des réglementations applicables, l'échange rapide d'informations et rendre le trajet de retour au travail plus flexible, en fonction de la situation de la personne en incapacité de travail.