Moins d’antibiotiques mais plus d’antidépresseurs : les médicaments des ados sous la loupe des Mutualités Libres

Les Mutualités Libres (Partenamut) ont publié une étude approfondie sur la consommation de médicaments des adolescents en Belgique, analysant les données de remboursement de 2013 à 2022. L’étude révèle que la proportion d’adolescents consommant des médicaments remboursés par l’assurance maladie obligatoire a diminué de 10,2 %, mais que la proportion d’utilisateurs d’antidépresseurs a augmenté de 60 %. En moyenne, chaque année, près de la moitié des adolescents belges de 12 à 18 ans consomment des médicaments remboursés.

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Jeune homme tenant une plaquette de médicaments pour soulager la douleur assis sur un canapé à la maison /Jongeman die een blisterverpakking met medicijnen vasthoudt voor pijnverlichting terwijl hij thuis op een bank zit

En Belgique, la proportion des adolescents âgés de 15 à 19 ans consommant des médicaments est parmi la plus élevée en Europe, avec un taux d'utilisateurs d’environ 25 % supérieur à la moyenne européenne (Source Eurostat).

L'étude révèle que la proportion d’adolescents utilisant des médicaments remboursés par l’assurance obligatoire a diminué de 10,2 % en 10 ans, avec environ 50 % des adolescents consommant des médicaments remboursés chaque année. Les adolescents prennent aussi en moyenne 2 à 3 médicaments différents par an et reçoivent 4 à 5 conditionnements par an. Les médicaments remboursés les plus utilisés par nos adolescents sont les antibiotiques, les anti-inflammatoires, les antihistaminiques et les antiasthmatiques. 

Antibiotiques et anti-inflammatoires : une baisse encourageante

Malgré un nombre d’utilisateurs d’antibiotiques important parmi les adolescents, une diminution encourageante est observée : de 30 % d’utilisateurs en 2013 à 23 % en 2022. Cette tendance à la baisse observée chez les adolescents est aussi visible dans la population générale même si la proportion d’utilisateurs reste plus faibles chez les adolescents.

Connus pour leurs nombreux effets secondaires, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont le second groupe de médicaments les plus utilisés par les adolescents. Une tendance à la baisse est aussi observée : de 1 adolescent sur 6 en 2013 à 1 sur 9 en 2022, avec une proportion d’utilisateurs toujours en deçà de celle de la population générale. À noter aussi : l’usage est probablement sous-estimé car les AINS délivrables sans prescription et non remboursés ne sont pas pris en compte.

En revanche, les antihistaminiques, indiqués pour traiter les allergies, le rhume des foins et l’urticaire, affichent une utilisation stable. Ils sont utilisés par environ 10 % des adolescents.

Une forte hausse des antidépresseurs

La proportion d’utilisateurs d’antidépresseurs a connu une augmentation significative de 60 % en 10 ans, avec une hausse marquée après le début de la pandémie. La proportion d’utilisateurs reste néanmoins assez faible (1,6 % des adolescents en 2022).

Des disparités régionales et sociétales

  • L’analyse révèle des variations selon le statut BIM, le genre et la région. 
    En 2022, 52,2 % des adolescents bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM) utilisaient des médicaments, contre 48,8 % chez les assurés ordinaires. 
  • Les filles ont une proportion plus élevée d’utilisation de médicaments (51 %) par rapport aux garçons (47,7 %), avec une diminution de l’écart entre les genres entre 2013 et 2022. 
  • La proportion d’utilisateurs de médicaments est la plus élevée en Wallonie (52,6 %) et la plus faible à Bruxelles (44,4 %), avec des taux en baisse dans toutes les régions.

Un appel à la vigilance

Les Mutualités Libres appellent à une prise de conscience collective sur l’utilisation des médicaments chez les jeunes. Les médecins et pharmaciens doivent continuer à bien informer adolescents et parents sur les bénéfices et risques des médicaments, notamment les antibiotiques, anti-inflammatoires et antidépresseurs.

Claire Huyghebaert, Experte Médicaments aux Mutualités Libres et pharmacienne : "En ce qui concerne les antibiotiques, il est crucial de sensibiliser à la résistance bactérienne. Pour certaines affections courantes, il est important de promouvoir en premier lieu des approches non médicamenteuses, comme une alimentation équilibrée, l'exercice et un bon sommeil. Les pharmaciens doivent aussi déconseiller l’automédication prolongée, surtout pour les médicaments en vente libre". 

L’étude souligne la nécessité d’un suivi continu de l’utilisation et de lignes directrices pour un usage rationnel des médicaments. Elle appelle à la sensibilisation des principaux prescripteurs chez les adolescents, notamment les médecins généralistes et les pédiatres, Les Mutualités Libres encouragent une collaboration entre prestataires de soins, et une sensibilisation des parents pour garantir la santé des jeunes.