Une zone de basses émissions améliore la qualité de l’air en ville… et au-delà

La pollution atmosphérique constitue la plus grande menace environnementale pour la santé en Europe et l’un des principaux facteurs de risque pour les maladies chroniques. En 2024, les Mutualités Libres (Partenamut) ont mené une étude pour évaluer l’impact des zones de basses émissions (LEZ) instaurées en Belgique sur la qualité de l’air. Le constat est clair : la qualité de l’air s’améliore dans les centres urbains, plus rapidement dans les quartiers les plus défavorisés et cet effet se propage au-delà des limites de la ville.
 

Thématiques
Environnement
Date
Signal routier Low emission zone / Signaal routier Lage emissiezone

En collaboration avec la KU Leuven, HEAL (Health and Environment Alliance), CELINE (Cellule Interrégionale de l’Environnement) et VITO, les Mutualités Libres ont étudié l’effet des LEZ dans 3 villes (Bruxelles, Anvers et Gand) et comparé avec 17 autres villes belges sans LEZ. Les premiers résultats ont été présentés le 23 avril lors de la conférence internationale “Healthy cities, healthy people”. Le rapport d’étude est aujourd’hui en cours de finalisation mais les principales conclusions sont disponibles.

Principales conclusions

  • La qualité de l'air en Belgique reste bien en deçà des normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), actualisées en 2021. Peu de Belges vivent dans une zone où ces normes sont respectées. Par exemple, seulement 1,5% des 2,3 millions d’affiliés des Mutualités Libres (Partenamut, Helan, Freie) résident dans une zone où la concentration de particules fines est inférieure à 5 μg/m³. Un récent rapport de Sciensano confirme que de nombreux Belges respirent encore un air malsain.
  • Anvers et Bruxelles constatent une diminution plus importante de la pollution de l'air (suie, dioxyde d'azote, particules fines) que dans les 17 villes sans LEZ. La LEZ de Gand étant trop récente, il est trop tôt pour faire le même constat.
    À Bruxelles, la concentration de dioxyde d'azote (NO₂) dans l'air est passée de 29,44 μg/m³ à 18,53 μg/m³ entre 2017, l’année précédant l’introduction de la LEZ, et 2022, soit une diminution de 37 %. Cette baisse est environ 10% plus forte que dans les villes sans LEZ en Wallonie (-26 %) et en Flandre (-28 %).
    À Anvers, le NO₂ est passé de 34,94 μg/m³ en 2016, l’année précédant l’introduction de la LEZ, à 24,46 μg/m³ en 2022, soit une diminution de 30 %. Pour information : l’OMS recommande un maximum de 10 μg/m³.
  • Notre étude confirme que les quartiers les plus pauvres de Bruxelles supportent le plus lourd fardeau de la pollution atmosphérique. Mais aussi : pour un certain nombre de polluants (suie et dioxyde d'azote), la LEZ a conduit à une baisse plus rapide de la pollution atmosphérique dans ces quartiers. À Bruxelles, entre 2017 et 2022, on constate une diminution de 0,76 μg/m³ de suie et de 11,75 μg/m³ pour le dioxyde d’azote dans les quartiers les plus défavorisés, contre 0,54 μg/m³ et 9,6 μg/m³ dans les quartiers les plus prospères.
  • Les derniers résultats démontrent aussi que la qualité de l’air s’améliore aux abords de la ville, jusqu’à 5 km autour de la zone LEZ. Par exemple, à Bruxelles, les mesures au-delà de la ville, jusqu’à 5 km, ont montré une diminution de 40 % du dioxyde d’azote et même de 50 % de suie entre 2017 et 2022, une baisse plus forte qu’aux abords des villes sans LEZ en Wallonie et en Flandre.

Impact sur la santé

L'impact de la pollution de l'air sur notre santé physique et mentale est énorme et représente un coût majeur pour notre société. Les Mutualités Libres ont précédemment publié 2 études sur l'impact de la pollution de l'air (chacune avec la publication d'un article scientifique) :

  • L’une fait le lien avec l’incapacité de travail : lors des pics de pollution atmosphérique, on constate une augmentation du nombre de personnes reconnues en incapacité de travail en raison de troubles mentaux. Une étude en collaboration avec la KU Leuven. 
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  • L’autre fait le lien avec les visites chez le médecin : plus la concentration de particules dans l'air est faible, moins les gens consultent le médecin. Ces visites chez le médecin généraliste représentent à elles seules un coût annuel de 43 millions € (dont 37 à la charge de l'assurance maladie). Une étude en collaboration avec la KULeuven, UHasselt en IRCEL.  
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Tendance internationale

De plus en plus de villes comme Londres et Paris améliorent la qualité de leur air grâce à la LEZ. Il existe aujourd’hui plus de 320 villes dotées d'une LEZ et ce nombre devrait grimper à 507 d'ici 2025 (source). La tendance internationale est donc à la hausse.

À noter également : l'Europe a récemment décidé de nouvelles normes européennes en matière de qualité de l'air, que les États membres et les régions (comme la Flandre) devront respecter, avec des efforts importants déjà réalisés d'ici 2030. Une LEZ ne peut qu’y contribuer.