Lors de pics de concentration de l’air en carbone noir, dioxyde d’azote et ozone, les besoins en soins de santé augmentent chez les personnes qui souffrent de maladies chroniques.
En parallèle, on observe que le nombre de personnes déclarées en incapacité de travail croit également. Ces observations issues de la dernière étude des Mutualités Libres, en collaboration avec la KU Leuven, interviennent alors que l’Organisation Mondiale de la Santé vient de fixer des critères plus contraignants en la matière et que l’Union européenne s’apprête à revoir son cadre réglementaire. De son côté, l’agence européenne pour l’environnement confirme que la pollution représente un grand risque pour la santé publique en Europe.
L’étude des Mutualités Libres croise les données de la pollution de l’air avec les chiffres du remboursement de soins de ses affiliés. Elle prend en considération les visites des patients chroniques chez le médecin généraliste (sur base de 1.112.978 consultations) et les déclarations d’incapacité de travail pour troubles psychiques (12.270 cas).
En ce qui concerne les consultations, l’étude se focalise plus particulièrement sur les adultes souffrant d’hypertension ou de dépression. Ces deux dernières pathologies sont les plus fréquentes parmi les maladies chroniques.
Principales observations :
- Une augmentation de 5 microgrammes de dioxyde d’azote par mètre cube entraîne 3,4% de visites en plus chez le médecin généraliste pour les personnes souffrant d’hypertension et de 3,1% pour celles qui vivent une dépression.
- Pour une augmentation de 0,5 microgramme de carbone noir par mètre cube d’air, on enregistre 2,4 % de consultations en plus pour les personnes hypertendues et 1,7% pour celles qui souffrent d’une dépression.
En réalité, les mesures de pollution évoquées se démultiplient certains jours et entraînent avec elles des effets considérables sur les soins de santé. Chaque jour, des particules de carbone noir et de dioxyde d’azote se répandent dans l’atmosphère, principalement suite à la combustion de carburants fossiles comme le diesel.
Tim Nawrot, professeur d’épidémiologie environnementale à la KU Leuven et à l’UHasselt:
« Nous ne réalisons pas spontanément l’impact de la pollution de l’air sur notre santé mentale. De plus en plus d’éléments qui démontrent que l’exposition à celle-ci a un impact sur notre santé psychique. Les particules les plus fines peuvent avoir bien plus d’effets que sur nos seuls poumons »
Incapacité de travail
L’étude des Mutualités Libres est la première étude menée à large échelle qui fait le lien entre pollution de l’air et absence au travail. Aux pics de pollution peuvent donc correspondre une augmentation du nombre de personnes admises en incapacité de travail ou en absence de longue durée pour problèmes psychiques/ psychologiques (dépressions…).
- Ainsi une augmentation de 5 microgrammes de dioxyde d’azote par mètre cube d’air augmente le risque d’entrée en incapacité de travail de 4,2%
- En cas d’augmentation de 0,5 microgramme de carbone noir par mètre cube, ce même risque augmente de 3,2%.
Le phénomène peut être observé toute l’année excepté l’hiver. En cette saison, les personnes passent moins de temps à l’extérieur et sont donc moins exposées à la pollution de l’air.
Xavier BRENEZ, directeur général des Mutualités Libres:
« Nous appelons les ministres fédéraux et régionaux à prendre d’une part des mesures afin de lutter contre la pollution de l’air et d’autre part à soutenir l’adoption, sur le plan européen, des nouvelles directives de l’Organisation mondiale de la santé, en matière de pollution atmosphérique. Quelques semaines avant le sommet européen et la conférence internationale sur le climat, nous appelons à une prise de conscience de l’impact majeur que représentent les changements climatiques et la pollution de l’air en termes de santé publique. »