Prévention
Organisation des soins

Conseillers en Santé : un levier pour améliorer l’accès aux soins ?

À Bruxelles, le faible taux de participation aux programmes de dépistage du cancer du sein et du col de l'utérus représente un défi majeur. Seules 10 % des femmes participent au dépistage organisé du cancer du sein (ou près d’une femme sur deux si nous considérons en plus la voie du dépistage  opportuniste), bien en deçà de la recommandation européenne de 75 %. Pour pallier ce manque de sensibilisation et améliorer l'accès aux soins, l’expérience du projet intermutualiste, intitulé "Conseillers en Santé", a été sollicitée. 

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Conseiller santé portant un casque et assis à un bureau face à son ordinateur explique au patient quelles démarches entreprendre / Gezondheidsadviseur die een headset draagt en achter een bureau achter een computer zit en de patiënt uitlegt welke stappen hij moet nemen

Geertrui Poelaert, experte prévention aux Mutualités Libres et Christian Leclercq, conseiller en santé chez Partenamut nous dévoilent tous les détails du projet :

Conseillers en santé : un projet intermutualiste

 

Partenaire de la sensibilisation aux cancers féminins

Pas moins de  6 300 appels ont été passés par les conseillers en santé ces derniers mois pour toucher les femmes concernées et les sensibiliser aux dépistages. En brisant la glace par une simple première question "Comment allez-vous aujourd'hui ?", les conseillers prennent, tout d’abord, des nouvelles de la santé des personnes appelées. Ils vérifient ensuite si un Mammotest ou un frottis a été récemment effectué. En cas de réponse négative, les principaux obstacles sont identifiés et des solutions pratiques sont proposées par les conseillers en santé qui connaissent l'éventail les droits des citoyens en matière de sécurité sociale et les services proposées par les mutualités. Des solutions ciblées peuvent ainsi être recherchées et proposées pour éliminer autant que possible ces obstacles.

Un projet intermutualiste pour réduire les inégalités en santé

Le projet conseiller en santé est un projet intermutualiste. Il s'agit donc d'une collaboration entre les Mutualités Socialistes, Chrétiennes, Libérales, Neutres et Libres (Partenamut). A Bruxelles, ce sont les Mutualités Libres qui se chargent de la coordination dans cette collaboration. En partenariat avec Vivalis, l'administration bruxelloise de la santé et de l’aide aux personnes. , une stratégie annuelle est définie pour s’assurer que le projet participe aux objectifs de prévention prioritaires de Bruxelles.

12 conseillers s'engagent, chaque jour, dans ces missions durant lesquelles ils sont en contact étroit avec les groupes cibles. Le parcours de ces conseillers en santé est très varié. L'essentiel étant qu'ils aient une bonne connaissance du système de sécurité sociale belge et de l'intérêt pour la prévention et le secteur de la santé et du bien-être en général.

Un comité de pilotage apporte un soutien supplémentaire au projet. Celui-ci se compose d’organisations telles que Cultures & Santé et le Centre Bruxellois de Promotion de la Santé (CBPS). Ces organisations apportent leur expertise au projet et jouent un rôle d’accompagnement auprès des conseillers en santé au travers, notamment, de formations.

Rôle clé des conseillers en santé

Accompagnement individualisé

Le rôle des conseillers en santé est d’informer, de sensibiliser et d’accompagner les personnes les plus vulnérables au travers d'actions proactives dans le but de contribuer à l'amélioration de leur bien-être et de la prise en main de leur propre santé. Leur objectif est d'offrir, principalement via des appels téléphoniques, des informations pratiques et accessibles pour déclencher une action en matière de prévention santé.

Ecoute et empathie : l’humain au cœur du projet 

Le travail des conseillers en santé repose sur une combinaison d'expertise technique et de qualités humaines. Ils bénéficient d’une formation continue sur les questions de santé, et maîtrisent également des compétences relationnelles telles que l’empathie, l’écoute active et le non-jugement. Ces compétences sont essentielles pour instaurer un climat de confiance avec les personnes contactées, souvent méfiantes au premier abord.

Des résultats concrets et des perspectives d’avenir

Les premières campagnes menées par les conseillers en santé ont déjà permis de constater des résultats encourageants. En plus des appels téléphoniques relatifs aux dépistages du cancer du sein et du col de l’utérus, les conseillers en santé ont également mené des actions pour lutter contre l'isolement social des seniors, sensibiliser les familles monoparentales ou encore accompagner les personnes éloignées du système de santé. Dans le cadre de certaines missions, ils se rendent également sur le terrain et rencontrent les citoyens et le milieu associatif.

Les conseillers en santé jouent un rôle essentiel dans l’amélioration de l’accès aux soins de santé et dans la promotion des connaissances en matière de santé, y compris parmi les groupes les plus vulnérables. La reconnaissance légale du rôle des conseillers en santé en mai 2024 marque une étape clé pour le projet et il reste encore beaucoup de potentiel pour approfondir d’autres sujets et agir à l’avenir. Ce projet constitue un levier important pour améliorer l’accès aux soins, surtout pour les populations vulnérables.