Depuis 2015, les coûts en médicaments ont dépassé l'objectif budgétaire de plus de 4 milliards d'euros. Et de 392 millions d'euros en 2018. Quelle en est la raison ? Différents éléments entrent en jeu. De nouveaux médicaments coûteux arrivent sur le marché. Il s'agit principalement de médicaments contre le cancer ou contre les maladies rares et récemment également de la thérapie génique. Sans oublier le volume élevé de médicaments dans notre pays. Comment aborder cette problématique ?
1) Partir de la demande
Dans le système actuel, l'industrie pharmaceutique décide dans quelles maladies elle investit. Par conséquent, les médicaments ne répondent pas toujours aux besoins médicaux réels. Comment passer à un système partant de la demande plutôt que l'offre ? Pour les Mutualités Libres, les autorités devraient dresser une liste des besoins médicaux, en y établissant clairement des priorités.
2) Créer davantage de transparence
En cas d'incertitude quant à l'efficacité ou l'impact budgétaire d'un nouveau médicament coûteux, la ministre de la Santé publique peut décider de prévoir un remboursement temporaire, via un contrat avec l’entreprise pharmaceutique. Mais ces négociations avec les entreprises pharmaceutiques sont confidentielles. Chaque pays négocie certaines compensations de prix, mais personne ne sait qui a reçu quelles compensations. Les Mutualités Libres demandent d'adapter ce système. Des données plus détaillées devraient être mises à disposition, notamment en vue d'une bonne gestion budgétaire.
3) Collaborer au niveau international
La collaboration internationale est essentielle pour permettre aux patients d'accéder aux médicaments innovants et coûteux. Car ensemble, nous sommes plus forts. Le projet "Beneluxa" est un pas dans la bonne direction. Toutefois, il est important pour les Mutualités Libres qu’à l’avenir ces pays échangent également des informations sur les coûts réels qu'ils paient finalement pour un médicament innovant. Ces pays peuvent également collaborer en matière d’Horizon Scanning.
4) Responsabiliser le secteur pharmaceutique
Comment procéder ? Notamment avec un budget maximum pour certaines maladies. En cas de dépassement, les entreprises pharmaceutiques compensent (en partie) les coûts, selon leur part de marché. Les Mutualités Libres plaident également en faveur d'une réforme du prélèvement compensatoire actuel. A l’heure actuelle, les entreprises pharmaceutiques ne paient que 2,5 % du budget total des médicaments en cas de dépassement.
5) Sensibiliser à une utilisation correcte et rationnelle des médicaments
Il s'agit aussi d'une priorité pour les Mutualités Libres. D'une part, en encourageant l'utilisation de médicaments bon marché. Non seulement par la sensibilisation, mais aussi en créant par exemple des incitations à la prescription ou en imposant certains quotas minimaux pour les biosimilaires. Et d'autre part, en promouvant une prescription de qualité selon les directives scientifiques. Il est d'ailleurs possible de soutenir les médecins dans ce domaine en intégrant dans leur logiciel médical une aide à la décision en matière de prescription correcte et rationnelle.
Evelyn Macken & Claire Huyghebaert,
Expertes Médicaments aux Mutualités Libres
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