Au travers de cette étude, les données de remboursement des Mutualités Libres entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2022 ont été analysées. Ce qui représente environ 22 % des adolescents âgés de 12 à 18 ans. L’objectif de cette étude est d’analyser l’utilisation des médicaments chez les adolescents, de comparer ces tendances avec celles de la population générale, et de suivre l’évolution de cette utilisation ces dernières années.
Que faut-il retenir des résultats de cette étude ?
- En Belgique, la proportion des adolescents âgés de 15 à 19 ans qui utilisent des médicaments est parmi la plus élevée en Europe, avec un taux d'utilisateurs d’environ 25 % supérieur à la moyenne européenne, comme l’indique les données d’Eurostat.
- Bien que la proportion d’adolescents consommant des médicaments remboursés par l’assurance obligatoire ait diminué de ± 10 %, entre 2013 et 2022, environ 50 % des adolescents sont consommateurs de ces médicaments.
- Les adolescents prennent en moyenne 2 à 3 médicaments différents par an et reçoivent 4 à 5 conditionnements par an.
- Les médicaments remboursés les plus utilisés par nos adolescents sont les antibiotiques, anti-inflammatoires, antihistaminiques et antiasthmatiques.
Sur la base des chiffres de 2022, l’étude révèle aussi des variations selon le statut BIM, le genre et la région :
- 52,2 % des adolescents bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM) consommaient des médicaments en 2022, contre 48,8 % chez les assurés ordinaires.
- C’est chez les filles que l’utilisation de médicaments est (légèrement) supérieure : 51 % contre 47,7 % chez les garçons.
- Bien que la consommation de médicaments soit en baisse dans les 3 régions, c’est en Wallonie qu’elle est la plus élevée (52,6 %, contre 48,8 % en Flandre et 44,4 % à Bruxelles).
Les antibiotiques : médicaments les plus consommés
- Les antibiotiques restent les médicaments les plus consommés par les adolescents. On note toutefois que leur utilisation a diminué de 7 points de pourcentage en presque 10 ans (30 % en 2013 contre 23 % en 2022). Sur une année, la durée moyenne de traitement a également baissé de 23 jours à 18 jours.
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont le 2e groupe de médicament les plus utilisés. Une tendance à la baisse est toutefois observée : leur utilisation est passée de 1 adolescent sur 6 en 2013 à 1 sur 9 en 2022, et la durée moyenne du traitement reste stable. Par ailleurs, la proportion d’utilisateurs est toujours en deçà de celle de la population générale. Il faut cependant souligner que leur usage est sous-estimé car les AINS délivrables sans prescription et non remboursés ne sont pas comptabilisés dans ces chiffres.
- Près de 10 % des adolescents utilisent des antihistaminiques (médicaments utilisés dans le traitement de l’allergie, l’urticaire, la rhinite allergique ou le rhume des foins). Un taux qui reste stable entre 2013 et 2022.
- La proportion de consommateurs d’antidépresseurs augmente quant à elle de 60 % entre 2013 et 2022, avec un pic après le début de la période Covid-19. La durée annuelle de traitement a aussi augmenté de 60 % pendant cette période. La proportion d’utilisateurs reste néanmoins assez faible (1,6 % des adolescents en 2022).
Conclusion et recommandations
Les Mutualités Libres appellent à une prise de conscience collective sur l’utilisation des médicaments chez les jeunes et soulignent l'importance d'une approche équilibrée et réfléchie dans la prescription de médicaments aux adolescents. Il est impératif de sensibiliser tous les acteurs de santé pour optimiser l'utilisation des médicaments et prévenir les risques liés à une consommation excessive ou inappropriée.
Recommandations
- Encourager une utilisation appropriée des médicaments : les prestataires de soins et les pharmaciens jouent un rôle essentiel et doivent continuer à bien informer les adolescents et leurs parents concernant les bénéfices et les risques de ces médicaments, en particulier les antibiotiques, les anti-inflammatoires et les antidépresseurs.
- Prévenir un usage inapproprié ou abusif d’antibiotiques : sensibiliser, notamment au travers de campagne telles que parlonsantibiotiques.be, à la résistance bactérienne et éviter l'automédication avec des antibiotiques restants.
- Favoriser les traitements non médicamenteux : les approches non médicamenteuses telles que la psychoéducation et la psychothérapie doivent être encouragées, avec une meilleure accessibilité aux soins psychologiques.
- Surveiller l’automédication : les pharmaciens doivent informer sur le bon usage des médicaments en vente libre, comme, par exemple, le paracétamol et l’ibuprofène (anti-inflammatoire non stéroïdien), et déconseiller l’automédication prolongée sans avis médical.
- Promouvoir des pratiques de vie saines : avant de recourir aux médicaments, adopter des habitudes saines telles qu'une alimentation équilibrée, l’exercice régulier et un bon sommeil est recommandé.
