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Santé en Belgique : des ambitions fortes, des choix inévitables

Le nouvel accord de gouvernement fédéral fixe des orientations ambitieuses pour l’avenir du secteur des soins de santé et de l’incapacité de travail. Les Mutualités Libres saluent cette ambition mais insistent sur la nécessité de se concentrer sur les chantiers prioritaires tels que la refonte du financement hospitalier, la révision de la nomenclature, la réforme du conventionnement et le plan global pour l’incapacité de travail et de les inscrire dans un cadre budgétaire et un calendrier qui permettent leur réalisation.

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Gouvernement fédéral / Federale regering

Des avancées positives

L’accord gouvernemental reprend plusieurs propositions portées par les Mutualités Libres, notamment :

  • Une collaboration renforcée entre le fédéral et les entités fédérées pour une meilleure prise en charge des patients.
  • Une politique de santé fondée sur des objectifs clairs via la nouvelle commission spécifique, inspirée du modèle "5 aim".
  • Un engagement fort en faveur de la prévention, en ligne avec le principe du "Health in All Policies" et les discussions menées lors de notre dernier symposium.
  • La poursuite des réformes de la nomenclature et du financement des hôpitaux, en encourageant un paysage hospitalier efficace.
  • L’importance de revoir le système de conventionnement et le rendre plus attractif.
  • Une simplification administrative grâce à la digitalisation et la création d’une liste de base pour faciliter les procédures.
  • L’accessibilité des soins renforcée, notamment via la limitation des suppléments.
  • Une attention accrue à la pertinence des soins, pour éviter la surconsommation et les actes inutiles aux effets potentiellement nuisibles.
  • L’importance d’investir dans les soins de santé mentale.
  • Le plan global relatif à l’incapacité de travail.

Des défis à relever

Si les ambitions affichées sont légitimes, leur mise en œuvre constituera un véritable défi. Le programme de réformes est vaste et exigera une priorisation rigoureuse pour garantir sa réalisation.

Par ailleurs, certaines mesures nécessiteront des investissements, ce qui, dans un contexte budgétaire contraint, imposera de faire des choix stratégiques clairs. La fixation d’une norme de croissance inférieure à la croissance naturelle des dépenses de soins de santé soulève également la question de l’adéquation entre les moyens prévus et les ambitions affichées.

Des questions en suspens

La question centrale demeure : comment financer ces réformes sans compromettre l’accessibilité et la qualité des soins ? La norme de croissance et la recherche d’efficience suffiront-elles à financer les ambitions annoncées ?

Enfin, on peut souligner l’accent mis sur la nécessaire collaboration avec les entités fédérées vu la répartition imbriquée des compétences en santé. Espérons que les coalitions politiques similaires entre niveaux de pouvoir faciliteront cette collaboration dans un contexte institutionnel complexe et aux instruments inadéquats pour permettre un véritable fédéralisme de coopération.

Un engagement collectif pour les malades de longue durée

Depuis plusieurs années, les mutualités assument déjà un rôle clé dans cet accompagnement. Elles mettent en place des actions concrètes pour soutenir les personnes en incapacité de travail et favoriser leur réinsertion. Encourager la reprise du travail, y compris sous des formes progressives comme le travail à temps partiel, est une démarche qui a prouvé son efficacité et qui permet à de nombreuses personnes de retrouver une activité tout en respectant leur état de santé. Ce travail, déjà bien engagé, doit se poursuivre et s’intensifier en concertation avec tous les acteurs concernés. Les réformes annoncées dans ce domaine devront faire l’objet d’une évaluation permanente étant donné les risques d’effets pervers sur les différents acteurs. Il est également utile de rappeler que l’incapacité de travail est le reflet d’une problématique sociétale plus large sur laquelle les réformes annoncées risquent d’avoir peu d’impact.

Un engagement essentiel pour l’avenir

Les Mutualités Libres saluent la volonté du gouvernement de répondre aux grands défis de la santé. Toutefois, pour garantir l’efficacité et la pertinence des réformes, il est crucial d’impliquer l’ensemble des acteurs du secteur.

Nous rappelons que la priorité doit rester l’intérêt du patient et la viabilité à long terme de notre système de soins. Les Mutualités Libres continueront à jouer leur rôle de partenaire constructif en veillant à ce que les politiques mises en place répondent aux réalités du terrain et aux besoins des citoyens. Les Mutualités Libres, détachées de toute affiliation politique ou philosophique, joueront leur rôle dans ce débat, dans une approche pragmatique et centrée sur les besoins des patients.