Contexte
La production de substances chimiques a augmenté de manière exponentielle depuis les années 2000. Une tendance qui s’est accélérée depuis 2010. On estime à 84.000 les substances chimiques commercialisées en 2017. Seulement 1 % de ces substances ont jusqu’à présent été testées pour vérifier si elles ne présentent pas de risques de perturbation endocrinienne. Dès 2002, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pourtant attiré l’attention sur les dangers des perturbateurs endocriniens pour le fonctionnement de notre organisme. L’Union européenne a évalué l’impact des perturbateurs endocriniens sur la santé publique en Europe : le préjudice serait estimé à 157 milliards d’euros par an.
Les produits chimiques perturbant le système endocrinien, dits "perturbateurs endocriniens", se trouvent un peu partout : produits de soin, plastiques, produits d’entretien, revêtements de sols, conserves, tickets de caisse, CD, emballages, pesticides, textiles,… Les perturbateurs endocriniens sont inodores, incolores et insipides, ce qui les rend difficiles à appréhender. L’institut de recherche à but non lucratif Endocrine Disruption Exchange (TEDX) liste plus de 1400 PE potentiels, alors que l’OMS en mentionne plus de 800, sans oublier ceux qui sont suspectés mais ne font pas l’objet de recherches.
Chaque enfant né dans nos régions a été exposé en moyenne à plus de cent perturbateurs endocriniens. Parmi les effets déjà recensés, on peut citer la baisse de la fertilité et l’augmentation du risque de certaines maladies comme le cancer et le diabète. On suspecte également les perturbateurs endocriniens d’accroître le risque de contracter la maladie d’Alzheimer et de Parkinson. De plus, il semble que l’exposition à ces produits soit plus nocive si elle est prolongée ou si elle a lieu à certaines périodes de vie comme le développement du fœtus, l’enfance ou l’adolescence. Il faut aussi améliorer la connaissance des "effets cocktail" des perturbateurs endocriniens : le manque de connaissances scientifiques actuel empêche d’évaluer quelles combinaisons de substances peuvent provoquer quels dommages, lesquelles sont nuisibles ou quels sont les effets combinés à d’autres polluants.
L'action contre les effets des perturbateurs endocriniens, comme contre tous les autres défis environnementaux, doit être le fruit d'une collaboration internationale. A commencer par une collaboration européenne. En novembre dernier, la Commission européenne a publié une la stratégie "Vers un cadre complet de l'Union européenne en matière de perturbateurs endocriniens". Il existe d’autres initiatives telles que "EDC-Free Europe". En 2018, cette coalition a publié huit demandes pour une stratégie européenne concernant les PE.