Prévention

Journée mondiale sans tabac : toujours autant de fumeurs et moins de consultations chez le tabacologue

En Belgique, environ 1 personne sur 5 fume du tabac. Et bien qu’une majorité souhaite arrêter, les tendances de consommation de soins montrent une diminution des prestations tabacologiques depuis 2019. Pourtant, de nombreuses études montrent que les chances de réussir à arrêter de fumer sont 3 à 4 fois plus élevées pour ceux qui sont suivis par un tabacologue. Mais alors, quelles pourraient être les raisons de cette diminution? 

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Ce vendredi 31 mai, à l’occasion de la journée mondiale sans tabac, nous avons abordé le sujet avec Romina Loria, Responsable du Service Prévention Tabac pour le Fonds des Affections Respiratoires (FARES) et Emilie Vanderstichelen, Directrice Adjointe Représentation & Études pour les Mutualités Libres.  

 

Journée mondiale sans tabac : Et si un tabacologue vous aidait à arrêter de fumer

Malgré les risques connus et encourus, nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à arrêter la cigarette. de nombreuses études ont démontré que les fumeurs augmentent leurs chances de réussir à arrêter de fumer lorsqu'ils sont guidés par un tabacologue, et ce indépendamment de leur état de santé, de la fréquence de leur consommation, de leur degré de dépendance à la nicotine, de leurs tentatives antérieures de sevrage tabagique et d'un soutien pharmacologique supplémentaire.  

Pourtant, si l’on s’intéresse aujourd’hui aux chiffres en matière de tabagisme concernant nos 2,3 millions d’affiliés, nous constatons, entre 2019 et 2022, une nette diminution du nombre de prestations encodées et facturées par les tabacologues en Wallonie (-27 %) et à Bruxelles (-15 %).

Consultation chez le tabacologue

Chaque région de notre pays propose une offre de spécialistes formés dans le sevrage tabagique : les tabacologues. Il s’agit d’un professionnel de la santé qui a suivi un trajet de formation spécifique en tabacologie et accompagnement au sevrage tabagique délivrés, en Wallonie et à Bruxelles, par le FARES.

Des prestataires de soin spécialisés en tabacologie 

Aujourd’hui, une seule formation permet d’être reconnu en tant que tabacologue. Cette formation, accessible à toute personne titulaire d’un master en psychologie et aux professionnels de la santé (au sens de l’arrêté royal n°78 relatif à l'exercice des professions des soins de santé), est organisée par l’ASBL Fonds des affections respiratoires (FARES) et aborde tous les aspects du tabagisme pour permettre une prise en charge globale et efficace. Elle comprend 9 jours de cours, un mémoire et un stage pratique.

Chaque année, le FARES communique la liste des personnes ayant suivi cette formation et pouvant exercer la fonction de tabacologue. Les prestations de tabacologie peuvent être cumulées avec d’autres prestations de santé par un même dispensateur de soin et pour un même bénéficiaire, pour autant que 2 attestations soient émises, l’une vers l’INAMI et l’autre vers l’AVIQ ou Iriscare.

Intervention forfaitaire et assurances complémentaires

Suite à la 6e réforme de l'Etat, l'AVIQ en Région wallonne et la COCOM en Région bruxelloise, ont repris depuis le 1er janvier 2019 les compétences de l'INAMI en matière de sevrage tabagique. Cela a notamment eu un impact sur les procédures d’encodage d’une consultation en tabacologie pour les prestataires de soin.

Toutefois, les consultations chez le tabacologue font l’objet d’un remboursement forfaitaire  depuis le 1er octobre 2009, via l’assurance obligatoire des affiliés à hauteur de :

  • 30 € pour une première séance ; 
  • 20 € pour les suivantes (avec un maximum de 7 séances sur une période de 2 années civiles) ; 
  • 30 € par séance pour les femmes enceintes (avec un maximum de 8 séances par grossesse).

Via l’assurance complémentair Partenamut, 25 € supplémentaires peuvent vous être remboursés (valable dès la 1ère séance et octroyé 1 fois tous les 2 ans max).

En Flandre, les mutualités interviennent aussi dans le coût des consultations de groupe.

Côté médicament, depuis 2022, le Zyban est remboursé mais sous certains conditions : uniquement pour patients de plus de 35 ans, qui souffrent de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) et qui font l’objet d’un accompagnement médical. 
Des interventions sur certains substituts nicotiniques (sur prescription médicale) sont aussi prévus de certaines mutualités. 

Diminution des consultations 

Depuis la crise COVID-19, on observe une diminution des consultations chez les tabacologues. En 2021, 25% des personnes qui ont commencé un suivi auprès d’un tabacologue ont arrêté le suivi après une seule consultation contre 50% après la deuxième consultation.

Bien qu’il est encore, pour le moment, difficile de l’expliquer car nous n’avons pas assez de recul, plusieurs pistes pourraient expliquer ce phénomène : 

  • La crise du COVID a profondément changé les comportements tabagiques, et globalement d’addiction, des patients;
  • La complexite administrative pour les prestataires qui doivent depuis 2019 facturer la prestation tabacologique aux régions alors que cela se produit régulièrement lors d’une prestation médicale facturée à l’INAMI;
  • La méconnaissance de la population concernant l’accompagnement par un tabacologue et la démarche personnelle que cela implique de se rendre en consultation.  

Réduire le nombre de fumeurs à moins de 20  % d’ici 2030 

Les Mutualités Libres se sont engagées dans la lutte contre le tabagisme. Réduire le nombre de fumeurs à moins de 20 % d’ici 2030 est un de vos objectifs à retrouver dans notre Memorandum “Horizon 2030 - Construire durablement la santé de demain”. Nous sommes convaincus qu’un soutien adéquat et des outils adaptés, comme l’accompagnement par un tabacologue, peuvent aider nos affiliés dans leur parcours de sevrage.

Au sein même des Mutualités Libres, des séances sont proposées aux personnes qui souhaitent arrêter de fumer. En début d’année, une séance d’information est organisée. Celle-ci de 8 séances de groupe de conseils en sevrage tabacologiques. Un accompagnement individuel est également possible.