1 En quoi la réinsertion est-elle cruciale?
En 20 ans, le taux d'invalidité a doublé et cette constante augmente. Sur le terrain, depuis longtemps, le public qui s'adresse à nous, a la volonté de réfléchir à une reconversion professionnelle, son projet professionnel ou une réinsertion. Ce public est volontaire mais on lui a souvent dit "vous êtes malade, ne faites rien". C'est un message véhiculé depuis longtemps. Ce public veut pourtant bouger mais a peur d'activer des choses qu'il ne serait pas en droit de faire. Le manque de visibilité des possibilités existantes le renforce dans l'idée qu'il ne peut rien faire. Le retour principal que l'on entend c'est "si j'avais su plus tôt que ça existait, je me serais lancé plus vite". Il est important aussi de noter que la réinsertion ne se substitue pas à la prise en charge professionnelle de la santé, elle est concomitante. Il y a une collaboration entre l'assuré social, les partenaires de santé et les acteurs de la réinsertion professionnelle.
2 Qui sont les personnes concernées par la réinsertion ?
Ce sont des travailleurs adultes en incapacité de travail (première année) ou en invalidité (après la première année d’incapacité) qui bénéficient d'un revenu de mutuelle qui sont parfois encore sous contrat de travail, qui gardent malgré leur pathologie une capacité de travail et qui veulent réfléchir à un futur plan de réinsertion professionnelle. Que ce soit au sein de leur entreprise ou dans un autre lieu. C'est important de savoir qu'il ne faut pas attendre que la personne soit considérée comme "guérie"! De plus, cette notion de "guérison" est de plus en plus complexe, particulièrement quand on prend tout ce qui touche aux problématiques de santé mentale et aux maladies chroniques, par exemple. Ici le principe de la réinsertion professionnelle est concomitant à la prise en charge médicale.
3 Quel est le cadre de la réinsertion professionnelle?
Une convention existe depuis 2012. Elle permet à l'AVIQ, à l'INAMI et au FOREM et aux centres de formation et d’insertion socioprofessionnelle adaptés (CFISPA) agréés par l'AVIQ d'organiser un parcours d’insertion qui permet à l'assuré social de trouver son chemin. C'est important de faire connaître l'existence de cette convention ! D'autres acteurs de la santé présents dans le réseau des assurés sont plus régulièrement en contact avec eux que le médecin-conseil, comme le kiné, l'assistant social, le psychologue ou l'ergothérapeute. Dès qu'ils sentent une motivation dans le chef de l'assuré, ils doivent pouvoir l'orienter vers la bonne personne et les bons services pour démarrer un trajet.
4 Comment entamer ce trajet de réinsertion ?
Tout démarre d'une discussion entre le médecin-conseil et l'assuré. Le médecin-conseil va valider la motivation de la personne pour participer à un parcours volontaire de réinsertion professionnelle ou le lui proposer. Un formulaire sera complété avec l’accord de l’assuré et envoyé vers le partenaire de la convention. Notre centre, en tant que porte d’entrée de la convention avec l’INAMI et sur base de ce formulaire, prend contact avec l'assuré et fixe différents entretiens qui permettent d'expliquer les enjeux, le contexte pour démystifier toutes les craintes potentielles. On joue alors un rôle de conseil et d'accompagnement, avec le souci de protéger le statut et de ne pas faire prendre de risques inutiles à l'assuré. La convention est prévue pour faire ces essais et erreurs, de tenter les diverses possibilités (temps partiel, volontariat, réorientation,...) et il n'y a donc pas de sanctions. Notre rôle est aussi celui d'intermédiaire avec le médecin-conseil à qui on expose la situation et les raisons des actions proposées. Les échanges avec les médecins-conseils ou les services sociaux des mutuelles sont réguliers et récurrents. Il y a de la traçabilité et un pilotage global de la situation, avec une mise en relation avec les autres acteurs de la santé, avec l'adhésion de l'assuré.
5 Quelles sont les étapes de la réinsertion ?
En tant que centre de formation dépendant de l'AVIQ, nous avons plus l'habitude de travailler avec un public fragilisé qui cumule différentes difficultés. Sur base notamment des informations fonctionnelles transmises par le médecin-conseil, on va évaluer tous les freins et les forces et mettre en œuvre les différents services de soutien nécessaires pour mener à bien le trajet de réinsertion. La personne en demande d'une réinsertion professionnelle n'est pas pour autant déjà prête à reprendre un emploi dès demain. La première phase va être le bilan d'orientation professionnelle qui a pour objectif de faire l'analyse des besoins et de définir quelles seront les actions sociales, personnelles ou professionnelles et d'en définir le calendrier. Ce bilan est aussi l'occasion de relier les différents intervenants professionnels de soins autour de l'assuré. Au terme du bilan d'orientation, l'objectif est de définir un plan d'actions, validé par le médecin-conseil. L’assuré qui fait le parcours de réinsertion professionnelle de son choix, maintient son droit aux indemnités et peut avoir le droit à des avantages liés à ce parcours, nous le suivons dans chacune de ces étapes.