Engagement sociétal

L’accès aux soins de santé : un droit aussi pour les femmes africaines !

Le 8 mars, le monde entier célèbre la Journée internationale des droits des femmes. Une occasion de mettre en lumière les inégalités auxquelles les femmes sont encore confrontées aujourd’hui. La situation au Burundi montre clairement que les mécanismes sociaux qui créent des inégalités entraînent une exclusion sociale, ce qui conduit directement à une exclusion dans l'accès aux soins de santé. Les Mutualités Libres et Louvain Coopération collaborent aujourd’hui avec les mutuelles locales afin de garantir un accès aux soins de santé pour toute la population. Zoom sur 3 problématiques en matière de santé qui concernent les femmes au Burundi.
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Les femmes ne sont pas assez protégées par la protection sociale 

Tout d’abord, il est important de noter que les mutuelles locales (MUSA) reposent sur un principe de non-discrimination, mais soumis à la contribution de ses membres. Certaines personnes en sont donc exclues car elles ne peuvent pas cotiser. Par ailleurs, les mutuelles définissent une série de prestations qu’elles prennent en charge ou non en cas de maladie. Malheureusement, les femmes ont des besoins sexo-spécifiques, avec un fort volet de prévention, qui ne sont pas pris en charge

Par ailleurs, si l’Etat offre la gratuité des soins pour certaines pathologies liées à la grossesse, il persiste de nombreuses pathologies non prises en charge, comme les hépatites, les fibromes utérins, les infections sexuellement transmissibles (IST), la malnutrition, les cancers (du sein et du col de l’utérus), des maladies infectieuses comme la pneumonie, etc. 

Or, ces pathologies touchent de nombreuses femmes : 

  • Selon le rapport de dépistage du cancer cervical du Programme National de Santé de la Reproduction réalisé en 2017, 2 % des femmes examinées ont eu des résultats positifs (lésions précancéreuses ou un cancer du col confirmé).  

  • Selon l’enquête démographique et de santé au Burundi (2016-2017), près d’une femme sur cinq est maigre (19 %) et 6 % sont atteintes de maigreur modérée et sévère. À l’opposé, 6 % des femmes présentent une surcharge pondérale et 2 % sont obèses.  

  • Selon la même source, les infections sexuellement transmissibles sont plus fréquentes chez la femme que chez l’homme (11 % de femmes contre 6 % d’hommes de 15-49 ans). 

Les femmes ne sont pas assez bien prises en charge et cela peut les rendre vulnérables à des problèmes de santé qui auraient pu être évités avec une meilleure couverture sociale. 

L’accès limité aux soins de santé de certains groupes de femmes pour cause de vulnérabilité et de discrimination  

Certains groupes de femmes ont un faible accès aux soins de santé. Il s’agit notamment de groupes spécifiques dont la vulnérabilité rend victimes de discrimination, comme les femmes de la communauté minoritaire "Batwa", les femmes qui dirigent des familles monoparentales, les adolescentes devenues mères et déscolarisées, les personnes souffrant de maladies mentales et les survivantes de violences sexuelles. Bien que ces femmes devraient bénéficier de programmes de protection sociale pour lutter contre la pauvreté, elles ne sont pas toujours couvertes par les mutuelles de santé locales. Les pauvres, les groupes vulnérables et les femmes souffrant de maladies mentales et d'épilepsie sont particulièrement exclus et marginalisés, et tous ces groupes éprouvent des difficultés d'accès aux soins de santé. Pourtant, la santé est un droit reconnu à tous sans aucune distinction. Garantir la bonne santé et le bien-être, ainsi que l’égalité entre les sexes, sont d’ailleurs 2 des 13 objectifs de développement durable définis par les Nations Unies pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous. 

Les femmes sont sous-représentées dans les organes de décision et les associations 

Si les gouvernements africains reconnaissent ce constat, peu d'initiatives pour engager les femmes dans le leadership et la participation citoyenne sont à noter. Les mutuelles offrent une opportunité pour les membres (hommes et femmes) de participer à la vie associative et de prendre des responsabilités, même si le leadership féminin y est peu développé. Pourtant, l’expérience montre que lorsque les femmes s’impliquent, les résultats des mutuelles s’améliorent. 

Dans les sociétés africaines, les femmes sont souvent présentes dans les groupes de discussion, mais leur potentiel de communication pour la prévention de pathologies liées aux déterminants sociaux de la santé n'est pas suffisamment exploité

Par ailleurs, il est crucial d'améliorer la littératie des hommes sur les questions de genre et de protection sociale pour promouvoir l'espace d'expression des femmes, leur participation dans les mécanismes d'amélioration et une prise de décision plus équitable pour les enjeux de santé. 

 

En 2023, en collaboration avec Louvain Coopération, nous veillerons à améliorer les trois constats précités, afin de pouvoir agir sur les inégalités et parvenir à les réduire. En tant que mutualité, la solidarité est inscrite dans notre ADN. Il est donc logique de mettre notre expertise au service des projets de Louvain Coopération, dans un esprit intermutualiste et intercontinental. L’accès aux soins de santé est un droit de base. Or, au Burundi près de 90 % de la population n’a aucune couverture en matière de protection sociale au niveau de la santé. Les plus touchés sont les populations rurales et les travailleurs du secteur informel, qui se retrouvent exposés à des dépenses catastrophiques en cas de maladie.