Bien qu'il y ait clairement un consensus à cet égard, nous n'investissons toujours pas assez dans la prévention des maladies. Le nombre de fumeurs a certes considérablement diminué depuis les années ‘90, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir (24 % de fumeurs en 2022). Les progrès en matière d’alimentation, d'exercice physique et de consommation d'alcool restent à la traîne, d’où le lien, notamment, avec l'augmentation du nombre de personnes souffrant de maladies chroniques. La couverture vaccinale est globalement stable et relativement élevée, mais reste un sujet de préoccupation majeur, tout comme la participation au dépistage du cancer. Tous deux restent largement en deçà des objectifs fixés.
Pourquoi ne parvenons-nous pas à adopter un mode de vie plus sain ? La réponse est bien entendu complexe et multifactorielle, c'est pourquoi nous préférons nous concentrer sur plusieurs mesures efficaces pour éviter les maladies. Comme tous les acteurs du secteur de la santé, nous plaidons en faveur d'une augmentation des investissements dans les soins de santé préventifs, mais appelons sans équivoque à investir dans des méthodes de prévention innovantes, telles que les interventions dans le cadre des soins de première ligne. Les campagnes de sensibilisation abondent, mais il est presque impossible de retenir et d'appliquer toutes ces informations. C'est pourquoi le budget de la prévention doit être consacré aux interventions qui modifient réellement les comportements ou qui aident les gens à détecter les maladies à un stade précoce. Il est également important d'augmenter les taxes sur la malbouffe, le tabac et l'alcool afin d'en réduire la consommation. Il faut aussi interdire certains arômes et couleurs spécifiques dans les cigarettes électroniques, ainsi que la publicité pour les aliments malsains destinée aux enfants.
Un prérequis indispensable est que les citoyens soient déjà informés, compétents et capables de faire des choix positifs pour leur santé sur la base des informations disponibles. Outre les connaissances de base, cette démarche implique d’avoir la motivation et les compétences nécessaires pour accéder à l'information sur la santé, la comprendre, l'évaluer et l'appliquer. Seuls 67 % des Belges ont un bon niveau de littératie en matière de santé. Porter ce chiffre à 75 % d'ici 2030 grâce à un plan d'action interfédéral global constitue une priorité politique à nos yeux. Par ailleurs, nous devons allouer davantage de moyens aux méthodes de sensibilisation, par exemple pour mieux informer les personnes âgées par l'intermédiaire d'acteurs en contact étroit avec elles. L’accès à des informations de qualité au sujet de la santé est crucial. Les organisations de soins de santé doivent devenir véritablement compétentes en matière de littératie en santé et inclure cet aspect dans les indicateurs publics de qualité.
Quelques chiffres
- En 2018, 5,9 % de la population belge déclarait une consommation excessive d'alcool (plus de 21 verres par semaine pour les hommes et plus de 14 pour les femmes).
- La proportion de buveurs problématiques est passée de 5 % en 1997 à 14 % en 2018.
- En 2022, 24 % des Belges fumaient quotidiennement ou occasionnellement, et seulement 12,5 % des Belges de plus de 6 ans consommaient la quantité minimale recommandée de fruits et légumes.
- Nous sommes également les plus grands consommateurs quotidiens de boissons sucrées de l'Union européenne (20,4 % de la population).
- Seuls 30 % des adultes belges font suffisamment d'exercice.
- Des chiffres récents montrent, qu'en Belgique, 27,8 % des personnes âgées de 15 ans et plus ont un niveau limité de littératie en santé, et 5,6 % un niveau insuffisant.